François Calay

Fuir la zone contaminée - guerre nucléaire

champignon nucléaireComment réagir face à une explosion nucléaire ?

Scénario pour une "petite" bombe de cinq fois la puissance d'Hiroshima :

Il y a 3 phases :

- tout d'abord l'explosion de la bombe, qui engendre une grande boule de feu incandescente qui persiste une vingtaine de secondes et émet une incroyable chaleur. L'intensité de cette chaleur est telle qu'elle est mortelle dans un rayon de plusieurs kilomètres, et peut embraser les maisons en s'infiltrant à travers les fenêtres.

- ensuite, apparaît l'effet de souffle, appelé aussi onde de choc, semblable à un ouragan. Les bâtiments sont détruits ou gravement endommagés jusqu'à des kilomètres de l'explosion, et des dégâts plus minimes sont possibles dans des endroits plus reculés encore.

- enfin, les retombées : elles sont composées de la poussière soulevée par l'explosion et rendue radioactive par la boule de feu. Elle s'élève haut dans les airs et est transportée par le vent, retombant peu à peu sur terre sur une étendue qui peut aller de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de kilomètres. Une couche de poussière radioactive se dépose sur tout ce qui se trouve en plein air à l'intérieur de ce périmètre.
Dans les zones proches de l'explosion, les retombées atteignent le sol en l'espace d'une demi-heure.
Il faut 4 à 6 heures avant qu'elles n'atteignent un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres.
Les retombées de poussières émettent des radiations semblables aux rayons X. La radioactivité ne peut être vue ou ressentie, entendue ou sentie. Seul un compteur Geiger peut la mesurer. Cet appareil en format de poche coûte une cinquantaine d'euros et chacun devrait avoir un chez soi.
La radioactivité s'amenuise avec le temps, et on considère qu'après 48 heures, les retombées dont déjà 100 fois moins nocives.

Que faire ?

Lorsque l'explosion se déclenche, ne la regardez pas : si vous la regardez (même à plusieurs kilomètres de distance), vous allez devenir aveugle, soit temporairement, soit de façon permanente. Ouvrez la bouche, pour que les tympans n'éclatent pas sous la pression. Couchez-vous sur le sol pendant les deux premières minutes.
Supposant que vous avez survécu à l'explosion et à l'onde de choc qui a suivi, vous avez entre 10 et 20 minutes pour vous sauver, de deux kilomètres au minimum, avant qu'une quantité mortelle de radiations ne commence à retomber.
Après plusieurs heures, la radiation mortelle est portée par les vents dominants, et le nuage de radiations s'installe sur une zone de plusieurs dizaines de kilomètres.

Ce qu'il faut donc faire, c'est fuir très loin si on le peut.
Si vous ne pouvez pas fuir, il faut vous réfugier immédiatement dans un abri, aussi profond que possible (à défaut de trouver mieux : le métro). Rester temporairement à l'intérieur d'un véhicule auquel on a colmaté les entrées d'air de ventilation est une option, mais pas la meilleure : il faut essayer de rejoindre un endroit mieux isolé.

Conseils :

- prendre une voiture qui contient le maximum de carburant possible (ou un jerrycan). Ecouter la radio en permanence pour avoir les informations sur ce qui se passe et - espérons-le - la conduite à adopter.
- ne pas s'attarder à quoi que ce soit, ne pas hésiter, rester rationnel : chaque minute gagnée dans la fuite vaut son pesant d'or.
- ne pas essayer de téléphoner : les réseaux (s'ils fonctionnent encore) seront totalement surchargés et doivent rester libres pour les secours.
- ne pas aller chercher ses enfants à l'école, ils seront pris en charge par le personnel sur place.
- prendre à ce moment là un comprimé d'iode de manière à saturer la thyroïde qui ne captera pas l'iode radioactif présent dans l'air.
- si c'est possible, prendre avec soi ses papiers d'identité, ses médicaments, son chargeur téléphone, de l'eau en bouteille, de la nourriture en conserve ou protégée par des emballages fermés en plastic, ses documents de valeur et d'autres choses essentielles, par exemple l'ordinateur contenant le disque dur principal, ou le backup de ses données.

S'enfuir

Comme on l'a vu lors de la catastrophe de Fukushima, il y a tellement de monde sur les routes, les embouteillages sont tels, qu'en réalité, la fuite n'est pas une option facile.
La voiture avec laquelle on fuit doit être fiable et il faut utiliser des petites routes moins fréquentées, les autoroutes étant vite bloquées par l'intensité du traffic, les accidents, les véhicules en panne. Il faut désactiver la ventilation pour éviter l'apport d'air extérieur contaminé.

Lors de la fuite, il faut essayer de se diriger en travers du vent (perpendiculairement). Dans la panique et sans référence géographique, une manière de savoir vers où s'enfuir est de se diriger vers les zones où les bâtiments sont le moins détruits.
Durant la fuite, il faut garder au maximum la peau, la bouche, et le nez couverts.

Ensuite, se décontaminer dès que possible : enlever tous ses vêtements et se doucher. La radioactivité imprègne les poussières, même les moins visibles. Il faut donc se laver un maximum pour s'en désimprégner. La douche est le meilleur moyen, car cela permet de les écouler.
Bien sûr, cela implique que l'eau utilisée ne soit pas elle-même contaminée ...

Enfin, rester dans un abri pendant 48 à 72 heures minimum, avec l'espoir fixé sur une petite radio sans piles, qui informera de la situation et de la possibilité de sortir, car les retombées radioactives perdent 50 % de leur dangerosité au bout d'une heure et même 80 % au bout de 24 heures.

La question est bien sûr de savoir où se trouve un semblant d'abri, et comment faire pour en trouver un, dans l'état de panique général et le manque de rationalité qui en découle.
Dans ce cas, fuir le plus loin possible, une cinquantaine de kilomètres au minimum, en essayant d'atteindre un endroit qui soit le plus éloigné possible d'une ville, quelle qu'elle soit.
Quitter Paris pour se réfugier à Compiègne n'est certainement pas une bonne idée. Mieux vaut rejoindre l'Auvergne, la Drôme, la Bretagne ... et de préférence, pas près d'un camp militaire, d'un aéroport, d'un dépôt de pétrole, d'une centrale électrique (surtout nucléaire), d'une zone industrielle, d'un port, ... bref : de toute cible qui pourrait être considérée comme objectif militaire ...

Rappel : comme signalé en début de page, les distances décrites ici correspondent au scénario pour une "petite" bombe de cinq fois la puissance d'Hiroshima.
Personne ne sera là pour nous indiquer le modèle et la puissance de la bombe qui vient d'exploser ... dès lors, je n'imagine pas facilement comment savoir les distances théoriques de sécurité à mettre en application. Faudra improviser ... il paraît que le temps d'explosion renseigne sur la dimension de la bombe : une petite bombe fait un flash de 10 secondes, tandis qu'une très grosse dure 30 secondes ... je doute que dans la terreur de ce qui se passe, couché par terre, les yeux fermés, la bouche ouverte, on aie l'idée de compter les secondes et de faire des déductions de ce genre.

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"Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais ce dont je suis sûr, c´est que la quatrième guerre mondiale se résoudra à coups de bâtons et de silex."
Albert Einstein

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