François Calay

L'angoisse

angoisseL'angoisse est parfois définie comme un état lié à une émotion durable de peur sans objet externe clairement identifié.
L'angoisse n'est pas connue par ceux qui ne l'ont pas vécue : ils l'assimilent à des sentiments de peur, de phobie, d'anxiété, de terreur, etc. L'angoisse est quelque chose de beaucoup plus fort que ces émotions, aussi horribles soient-elles : l'angoisse est un état psychique.

Le moment d'angoisse, c'est un ressenti de perte de contrôle de tout mon fonctionnement psychique, un chaos complet, tant au niveau des idées que des émotions. On est prêt à n'importe quoi pour que ça s'arrête, y compris le suicide, solution parfois espérée même si ce n'est pas le but premier.
Ma plus grande angoisse, c'est que l'angoisse revienne, ... et quand elle est là, ... ne pas arriver à la contenir. Car si elle continue, je sais que je pourrais devenir fou. C'est un sentiment réel qui doit d'ailleurs être réel.

Je différencierais deux types d'angoisses :
- l'angoisse de nature purement psychique : c'est celle qui surgit à l'occasion d'une pensée, au contact d'une personne, d'un lieu, d'une odeur ...
On n'a pas conscience de ce qui l'a déclenchée et elle est ressentie comme "venant de nulle part" même si elle a un fondement qui est lié à un stress post-traumatique.

- l'angoisse de nature purement chimique : c'est celle que connaissent les personnes faisant des sevrages de médicaments ou de drogues, les allergies médicamenteuses, l'hypoglycémie, l'hyperthyroïdie, certaines insuffisances cardiaques, certains déficits en vitamines, etc.
Dans ce cas, il n'y a pas de composante directe liée à un traumatisme psychique. C'est l'équilibre interne du corps qui est temporairement et artificiellement chimiquement déstabilisé.

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La crise d'angoisse est officiellement définie comme :
"une période bien délimitée de craintes et de malaises intenses, avec au minimum quatre des symptômes suivants, survenant en moins de dix minutes : palpitations, battements de cœur, transpiration, tremblements, impression d'étouffement, sensation d'étranglement, douleur ou gêne thoracique, nausée ou gêne abdominale, sensation de vertige ou d'évanouissement, déréalisation (sentiment d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi), peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou, peur de mourir, sensations d'engourdissement, frissons ou bouffées de chaleur."

Durant la crise, je me sens englobé dans une nasse, je me sens envahi par le vide, je suis surexposé à quelque chose d'inconnu. C'est ingérable, et l'angoisse de le savoir en redouble l'effet.
L'angoisse est donc un malaise plus ou moins intense qui surgit souvent de façon inattendue. Elle peut être momentanée ou s'installer durant de longs moments. Certaines personnes la sentent venir et s'y préparent, tandis que chez d'autres, elle s'installe subitement. Elle peut aussi survenir en des lieux et/ou à des heures fixes.
Cela n'a rien de rationnel et n'est pas rationalisable.
Si de nombreuses crises d’angoisse sont sans gravité, certaines se transforment en véritables névroses : crises de panique, hystérie, troubles obsessionnels compulsifs, etc.

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Il est facile à certains, qui ne la connaissent pas, de dire "qu'on devrait considérer l'angoisse comme le signal qu'on repousse une émotion ou une préoccupation qui tente d'émerger. "
Ce genre de théorie irrite profondément une personne sujette à l'angoisse, ressentant le chaos, la perte, le vertige, la mort : les idées qui se bousculent, il y a un trop plein dans la tête, tout en même temps, c'est incontrôlable, les montées émotionnelles diffuses et brouillées se mélangent, un vide de sens apparaît, je sors de moi-même, j'entends les bruits différemment, la lumière pétille et m'éblouit. Je ressens cette perte de contrôle, la panique de l'angoisse, comment redevenir 'moi' ?

Chacun réagit à cette épreuve comme il peut : certains sont tétanisés, d'autres s'appliquent à faire quelque chose de très simple dans un lieu concentré, d'autres passent dans une phase d'hyperactivité jusqu'à épuisement, d'autres 'décrochent' par la drogue ou certains médicaments, et si on se réfugie dans le sommeil, l'angoisse le lendemain matin est plus diffuse et moins forte ...

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Cette page fut la plus difficile à écrire de tout mon site, car elle a généré le souvenir d'états horribles, aussi bien chez moi qu'auprès des autres personnes vivant ce problème, avec qui j'ai confronté mes idées durant la gestation de la page, et que je remercie chaleureusement.

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