François Calay

Le désir de s'enfuir

vin d'alsaceS'enfuir ...
Voyager, traverser l'océan, aller vivre dans un pays lointain, jouer de la musique surréaliste, rouler dans des automobiles d'une autre époque, passer du temps dans un voilier, se griser de vitesse à moto ...
Tout cela, je l'ai fait.

S'enfuir ... pour que ça n'arrive plus, pour ne plus être dans les mêmes circonstances, pour être à l'abri !

S'enfuir ... en déménageant ? Oui, mais pas si les sept maisons d'en face se mettent à brûler en pleine nuit. Cela m'est arrivé à Spa en octobre 2004.

Et puis il y a encore une autre manière : c'est celle de s'enfuir artificiellement, en restant sur place ... Il faut reconnaître que c'est un procédé beaucoup moins cher, avec beaucoup moins de risques, et qui perturbe beaucoup moins l'entourage, aussi longtemps qu'il est possible de le gérer.

Les statistiques ne sont pas fort optimistes : environ 50% des hommes et 25% des femmes qui souffrent d'un stress post-traumatique sont aux prises avec de graves problèmes de toxicomanie : l'alcool pose le problème le plus commun, mais beaucoup de gens font aussi une consommation abusive d'autres drogues illicites ou de médicaments psychotropes.

J'en parle également dans la page 'morphine, où es-tu ?'

Cela procure un répit de quelques heures, une échappatoire physique à la douleur, et un petit apaisement de certaines émotions.
Malheureusement, c'est toujours trop court ... et rarement suffisamment fort ... sans parler des "lendemains" ou des sevrages ...

Faut-il le dire ? L'abus de ces substances perturbe la perception émotive et peut entraîner de graves problèmes dans les relations interpersonnelles, la vie professionnelle, la vie familiale, la vie de couple, et peut déboucher sur des comportements inadaptés.
Cela m'est arrivé.

Comment gérer cela ?
Abstinence totale ? Limitation de la consommation ?
Il m'est plus facile d'être totalement abstinent : j'ai beaucoup de difficultés à m'arrêter lorsque je ressens l'euphorie.

Heureusement, avec les années, j'ai appris à vivre dans l'abstinence totale d'alcool et de benzodiazépines.
Pour les opiacés, ce fut plus compliqué, mais j'y suis arrivé également.
Cela m'a valu de connaître à maintes reprises les affres du sevrage.

Il paraît qu'il y a des gens qui n'ont mal nulle part. Quel bonheur ...
Parfois, avec du Fortal, du Tramadol, ou du Durogesic, je pouvais l'expérimenter quelques heures. Un délice ... jusqu'au sevrage suivant ...

... le dernier, le bon, date de février 2015, trois mois d'enfer : le sevrage sec du Fentanyl.

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"Un alcoolique, c'est quelqu'un que vous n'aimez pas et qui boit autant que vous."
Coluche

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