François Calay

Ces croyances rassurantes ...

croyancesCes croyances qui rassurent … de la peur de la mort, de l’infini ?

Nous sommes généralement tous attachés ...
- à nos amis
- à notre famille
- à notre maison
- à nos passions

mais aussi et sans doute surtout ...
- à nos rêves
- à nos peurs
- à nos projets
- à nos illusions
- à notre imagination

et plus que tout ...
... à nos croyances ...

Types de croyances

J'ai côtoyé des personnes, des groupes, des pays, attachés à des croyances les plus diverses :
- religieuses
- anti-religieuses
- médicales
- économiques
- scientifiques
- politiques
- ésotériques
- philosophiques
- superstitieuses
- historiques
- affectives
- spirituelles

Les "croyances", c'est quelque chose qu'on considère comme réel et indispensable, tout au moins pour soi-même, mais également pour le groupe auquel on appartient.
Cela peut être, mais n'est pas nécessairement irrationnel.

Mon expérience de vie me persuade que les êtres humains ont vraiment la nécessité d'élaborer et de s'attacher à des systèmes de croyances, sous toutes les formes possibles ...
... depuis le club de football : "Je crois qu’ils sont les meilleurs"
... jusqu'à l'astrologie : "Je crois que la conjonction Jupiter-Mars est favorable pour mon humeur aujourd'hui"
... en passant par la science : "Nous croyons qu'il s'agit d'un trou noir"
... ou la médecine : "Je crois que si tu te soignes comme ça, tu guériras plus facilement"

Fonctionnement

Chaque système de croyances est en relation
- avec plus grand et plus complexe que soi
- avec une notion de bien-être et/ou de mal-être
- avec une série de choses à croire, à ne pas croire, à faire et ne pas faire
- le tout accompagné d'un prosélytisme certain
- et toujours initié par une sorte de guru, qui dispense son savoir, qu'il s'appelle Archange Gabriel, Stefen Hawkins, Karl Marx, Leonard de Vinci, ou John Kennedy.

Aucun ne m'a convaincu ...

Soyons clairs :

Un exemple :
"Je crois en la force de mon syndicat" = une croyance
"Je ne crois pas en la force de mon syndicat" = une croyance

Toute phrase qui commence par "je crois" ou "je ne crois pas" énonce irréfutablement une croyance.

ressentiAlors ?

Sortir du système c'est s'élever dans une dimension supérieure, dans laquelle on se retrouve sans mots face à un ressenti, une expérience, une intuition. Mais pour expérimenter cela, il faut oser aller au delà des peurs.

Exemple : la contemplation de la nature ou du ciel. En ce qui me concerne, je suis bouche bée face à leur splendeur.
Alors, je parle avec d'autres mots : "je ressens", "je perçois", "j'expérimente", "j'imagine", ... ou je me tais, car tout est tellement paradoxal ...

Stefen Hawkins, l'éminent savant anglais, écrit dans un de ses livres : "depuis que j'ai énoncé la théorie des trous noirs, tout le monde s'y attache comme s'ils existaient. Alors j'ai parié avec un de mes meilleurs amis ... qu'ils n'existent pas".

Utilité

S'attacher à ses croyances permet :
- d'être rassuré face à la peur de la solitude, de l'infini, de la souffrance
- de croire qu'on comprend le "plus grand que soi"
- de croire que ce "plus grand que soi" est en rapport avec nous, qu'il s'occupe de nous
- de s'assurer qu'il le fera de manière bienveillante
- de définir l'ennemi, pour pouvoir se décharger de la responsabilité de l'échec (le Diable, le trou noir, le microbe, le pays voisin, l'amant, etc.)
- d'élaborer une théorie enthousiasmante de fonctionnement, qui atténuera, par une mise en mouvement de l'individu, l'immense tragédie de la condition humaine : la conscience de l'inéluctable mort ...

Comment ?

Il est sécurisant de cadrer les intuitions, les découvertes de l'infiniment incompréhensible, à savoir la raison d'être de ce qu'on appelle l'Univers, et la place qu'on a dans celui-ci.

Ces systèmes de pensée donnent l'illusion de suivre un chemin d'harmonie, de sérénité, de bien-être ... comme s'il suffisait d'y croire pour que cela aie lieu.
C'est un conditionnement mis en place dès le berceau.
La plus belle croyance, teintée d'amour certes, mais la plus tragique aussi, c'est deux parents qui se penchent sur leur bébé et qui disent "il est beau, il est intelligent, on va s'appliquer à le rendre heureux".

Les croyances déterminent et dirigent les individus et les groupes : elles envoient le soldat au front, l'amoureux au mariage, le politicien à convoiter la présidence, le naïf à la secte, le jeune cadre au boulot, et même le suicidaire à la corde !

Les croyances sous-jacentes

Si un événement est irréalisable, ou s'avère inadéquat, c'est un facteur déclenchant visible qu'on mettra en cause en premier lieu, pas la croyance qui porte le phénomène.

Exemple : le réchauffement climatique est un facteur déclenchant visible, qui n'est qu'une conséquence.
La croyance séculaire qui a amené à cela est : "l'homme peut faire ce qu"il veut avec la nature, il doit même la dominer".
Qui oserait dénoncer actuellement un des principes capitalistes les plus fondamentaux ?
Seul le temps, ou beaucoup de courage, permettent d'approfondir avec sincérité l'étude d'un malaise, et de mettre en cause la croyance sous-jacente.

Mais quelle puissance : aussi bien le respect que le non-respect de croyances peut amener consciemment ou inconsciemment un individu ou un groupe à la maladie ou la mort !
Sans doute le concept "d'inconscient collectif" (C.G. Jung) en décrit-il fort bien le phénomène.

Horreur

C'est horrible : l'histoire regorge de récits abominables de destruction massive mettant en cause des hommes prétendus et/ou se croyant de bonne volonté, et ce, au nom de leurs croyances ou des croyances du groupe qu'ils représentent.

Quelques exemples parmi des dizaines :
- les croisades
- l'exterminaton du peuple Indien d'Amérique
- les bûchers des hérétiques
- les bombes envoyées ... sur les civils ... à Hiroshima et Nagasaki
- les faits ayant fait l'objet du procès de Nuremberg
- l'écrasement économique de l'Afrique dont on retire les matières premières
- la mise en application du Marxisme avec ses déportations en masse en Sibérie
- le capitalisme sauvage illusionné par ses résultats en bourse

Les grands avantages

- les croyances rassurent de la mort
- elles déculpabilisent du manque de volonté, du manque de courage, voire de la paresse, car chaque système est porteur du "coupable" (le diable, le microbe, ...) et renvoie donc au confort de pouvoir se sentir "victime", comme le décrit si bien le "Triangle de Karpman" (agresseur-victime-sauveur).
- elles soudent les groupes, ce qui induit un sentiment d'appartenance, qui va conduire soit au prosélytisme, soit au combat.

pont

Les rituels

Ils sont personnels et collectifs

Exemples très variés :
- le défilé militaire de la fête nationale
- l'ouverture des jeux Olympiques
- la fête du Nouvel An
- les rituels de deuil
- les feux de la Saint Jean
- la méditation en position du lotus

Le rituel a pour fonction de mettre en œuvre la croyance ou son symbole.
C'est une mise en présence qui rassure et soude. Il permet de se refonder dans un sentiment d’appartenance à une nature commune, et de faire alliance avec un principe supérieur fondateur, un tiers référent, qui va permettre aux individus qui y participent de se sentir semblables et de se rassurer.

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“Nous sommes éduqués à croire, et non à savoir. La croyance peut être manipulée. Seul le savoir est dangereux.”
Honoré de Balzac

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